Émilie Charmy (1878-1974)
Émilie Charmy est une peintre française, née le 2 avril 1878 à Saint-Étienne.
Orpheline à 15 ans, elle commence ses études dans une école privée à Lyon, afin de devenir enseignante mais refuse d’exercer ce métier et suit les cours du peintre local Jacques Martin, qui l’introduit dans le cercle de l’École moderne de peinture lyonnaise.
En 1902, elle quitte Lyon et part s’installer à Paris avec son frère. Elle expose pour la première fois à Paris aux Salon des Indépendants en 1903 (et jusqu’en 1914) et emménage, en 1904, à Saint-Cloud avec son frère. De 1905 à 1912, elle participe au Salon d’Automne. Elle propose des scènes de genre, des natures mortes, des portraits, l’intérieur d’une maison close et de nombreux nus féminins.
“Émilie Charmy… voit comme une femme et peint comme un homme”, écrit Roland Dorgelès. Complimentée pour son style audacieux, son travail est cependant réduit aux aspects “masculins” car à l’époque, peindre de manière audacieuse est inapproprié pour une femme. Charmy cherche à se distinguer avec une volonté de transcender “l’art féminin” dans le choix de ses sujets et dans un traitement audacieux de la peinture, marqué par sa touche franche et épaisse. Elle est repérée par Berthe Weill au Salon d’Automne de 1905 et participe à plusieurs expositions collectives dans sa galerie. Elle se lie d’amitié avec plusieurs membres du groupe des fauves. En 1912, elle rencontre George Bouche, avec qui elle se mariera des années plus tard. Elle adopte alors des aplats de vert et de vifs coups de pinceaux.
À partir de 1921, Émilie Charmy connaît un certain succès, elle est décorée officier de la Légion d’honneur en 1926. Elle reçoit les honneurs de la presse, de critiques et écrivains de l’époque dont Louis Léon Martin, Henri Béraud, Pierre Mac Orlan, Arsène Alexandre, Louis Vauxcelles… Ce dernier la décrit comme “l’une des plus remarquables femmes artistes de notre époque”. Colette a été l’un des rares écrivains n’ayant pas réduit le travail de Charmy à son genre. Pour elle, le pinceau de Charmy est guidé par une lucidité passionnée.
En 2002, ses œuvres sont présentées dans l’exposition “Elles de Montparnasse” au musée du Montparnasse à Paris, qui traite de l’émancipation des femmes artistes dans l’entre-deux-guerres. Charmy comme tant d’autres artistes femmes s’est retrouvée effacée de l’histoire de l’art. En plus d’être une femme artiste à cette époque, sa carrière s’étale sur 70 ans et ayant pour préférence de vendre directement aux clients, la plupart de ses œuvres se trouvent donc dispersées dans des collections privées. Malgré sa présence dans les collections du Centre Pompidou et du Musée des Beaux-Arts de Lyon, c’est avec la rétrospective organisée par le musée de Villefranche-sur-Saône en 2008 que l’art de cette grande artiste a été remis en lumière.
Les œuvres de Émilie Charmy sont exposées à la Galerie Larock-Granoff depuis 1955.
Émilie Charmy, La paire de chaussures, nd., huile sur bois © Sophie Labruyère