Françoise Gilot (1921-2023)

Françoise Gilot est née le 26 novembre 1921 à Neuilly-sur-Seine. À l’âge de cinq ans, son père, figure autoritaire, lui fait suivre un enseignement à domicile. Au cours d’un dîner chez sa grand-mère, elle rencontre l’artiste Émile Mairet, peintre post impressionniste. Françoise Gilot décide alors qu’elle deviendra peintre elle aussi. Sa mère l’initie à l’aquarelle anglaise et à l’encre de Chine et l’encourage à s’essayer à la céramique. Bien que son père espère qu’elle fasse carrière dans le domaine des sciences ou du droit, elle saisit toutes les occasions de nourrir son intérêt pour l’art. Françoise Gilot installe son premier atelier dans le grenier de la maison de sa grand-mère maternelle. En temps de guerre, son engagement artistique devient un véritable défi car il s’oppose à la position anti-moderne revendiquée par les nazis, elle dessine alors à chaque fois que l’opportunité se présente.

En 1943 a lieu le vernissage de sa première exposition collective à la galerie de Madeleine Decré. Cette année-là, Françoise Gilot et Pablo Picasso entament une relation qui durant les premiers temps contribuera au progrès artistique de Gilot : “Alors qu’il ne semblait pas être en train de me donner des conseils directement, chaque fois que je mettais ces principes généraux en pratique, je progressais” dit-elle. Évoluant dans la sphère de Picasso, elle rencontre un grand nombre de personnalités notamment André Malraux et Dina Vierny, modèle de l’artiste Aristide Maillol et qui deviendra galeriste. Sa rencontre avec Matisse a eu également un impact significatif sur sa carrière, sans toutefois influencer directement son style, la conduisant à approfondir ses réflexions sur la couleur et la forme. Bien qu’inspirée par certains de ses contemporains, l’indépendante Françoise Gilot a toujours souhaité rester libre. Elle se retrouve étouffée par l’attitude dominante et violente de Picasso, et le refus de celui-ci d’accepter son besoin d’autonomie mène à leur rupture.

Sa première exposition personnelle a lieu en 1952. S’ensuivent des expositions dans diverses villes de France et à l’étranger. Malgré les tentatives de sabotage entreprises par Picasso, la Galerie Coard, à Paris, propose un contrat à Gilot. En 1958, n’étant plus invitée au Salon de Mai, l’artiste reprend ses recherches artistiques et développe son style personnel, libérée de l’influence de Picasso, de Matisse et d’autres de ses prédécesseurs. En 1970, elle part vivre aux États-Unis après son mariage avec Jonas Salk et commence à exposer dans des musées américains. À la fin des années 70, elle installe son premier atelier à New York et se trouve en parfaite harmonie avec le dynamisme des États-Unis. L’Université Hofstra (New York) lui confère le titre de Docteure en Beaux-Arts.

En 2000, Gilot expose une sélection de peintures à la galerie Larock-Granoff, représentation de son parcours artistique. Son art impose une réflexion sur les qualités intrinsèques de la peinture : la lumière, la forme, la composition. Loin de l’imitation, ses toiles forcent l’observateur à explorer la délectation esthétique à travers des interactions de couleurs et de formes abstraites. D’après Dina Vierny, Françoise Gilot “a su garder l’audace de s’affranchir de toutes les conventions et donner à la main l’impulsion de l’esprit pour découvrir ensuite ce que l’inconscient exprimait”.

Françoise Gilot meurt à 101 ans le 6 juin 2023. Aujourd’hui, ses œuvres sont conservées dans de prestigieuses institutions internationales telles que le Museum of Modern Art à New York, le musée d’art de Tel Aviv et le Centre Pompidou à Paris. Exposée à plusieurs reprises aux États-Unis, c’est seulement en 2021 que la France lui consacre une exposition.

Les œuvres de Françoise Gilot sont exposées à la Galerie Larock-Granoff depuis 2000.

Françoise Gilot, Seuil d'une dimension autre (circa 1995), huile sur toile © Sophie Labruyère