Jacqueline Marval (1866-1932)
Jacqueline Marval, née Marie-Joséphine Vallet à Quaix près de Grenoble, a grandi dans une famille d’instituteurs. Elle était destinée à une carrière dans l'enseignement, mais son destin a pris une toute autre direction après une tragédie personnelle : la perte de son fils. Ce drame l’a poussée à quitter son mari et à se réinventer. Elle a commencé par travailler comme giletière, une activité qui lui a permis de subvenir à ses besoins, d’abord à Grenoble puis à Paris. Créative et audacieuse, elle utilisait même des draps comme toiles pour peindre.
Installée à Montparnasse, dans le cœur battant du milieu artistique parisien, Jacqueline a rencontré Jules Flandrin, son compagnon de trente ans, ainsi que des artistes de renom tels que Matisse, Picasso et Marquet.
Sa peinture se distinguait par sa spontanéité : elle peignait des paysages avec des gestes rapides, souvent sur des supports inattendus comme des couvercles de boîtes à cigares. Sa première participation au Salon des Indépendants marque le début de sa carrière, où elle impressionne Ambroise Vollard, marchand d’art influent, qui acquiert plusieurs de ses œuvres, dont la célèbre Odalisque au Guépard.
Le début des années 1900 fut une période de succès pour Jacqueline Marval, qui exposait aussi bien en Europe qu’aux États-Unis et en Asie. En 1903, elle présente au Salon des Indépendants, son œuvre phare, Les Odalisques, une toile audacieuse où elle se représente elle-même dans une scène de maison close. Ce tableau devient emblématique de son style avant-gardiste et de son esprit libre. La collaboration avec le galeriste Eugène Druet a joué un rôle clé dans sa reconnaissance artistique, lui permettant d'exposer aux côtés de maîtres tels que Cézanne et Van Gogh.
En 1913, elle participe à l'Armory Show, exposition marquante aux États-Unis, qui la place au cœur de la scène moderne internationale. Sa carrière continue de prospérer, notamment avec la commande de huit panneaux pour le Théâtre des Champs-Élysées à Paris, représentant des scènes du ballet russe "Daphnis et Chloé". Cette commande confirme son statut dans le monde de l'art.
Dans les années 1920, Marval trouve une nouvelle source d’inspiration à Biarritz, où elle réalise des œuvres mettant en scène les baigneuses et les plages, reflétant les changements sociaux de l’époque. Son œuvre, imprégnée de modernité, capte l’évolution des mœurs, notamment à travers la représentation du corps.
Jusqu'à la fin de sa vie, Jacqueline Marval reste une figure marquante des salons parisiens, tant pour sa personnalité exubérante que pour son talent reconnu. Elle succombe à la maladie en mai 1932, laissant derrière elle une œuvre largement admirée, présente aujourd’hui dans des collections à travers le monde.
Les œuvres de Jacqueline Marval sont exposées à la Galerie Larock-Granoff depuis 1926.
Jacqueline Marval, Les Quatre Saisons (1917), huile sur toile © Sophie Labruyère