À propos

Fondée en 1924 par Katia Granoff, l'une des premières femmes galeristes, la galerie Larock-Granoff, située 13 quai de Conti à Paris, présente un ensemble d’artistes du XXᵉ siècle de Claude Monet à Marc Chagall, en passant par Amédée Ozenfant, Othon Friesz , Jean Messagier jusqu’à de jeunes peintres contemporains. Une petite histoire de l’Art du XXᵉ siècle, en quelque sorte.

Suite au coup de cœur de Katia Granoff, dans les années 50, pour l'impressionnisme normand et l’École de Rouen, la galerie est également présente à Honfleur, sur le Vieux Bassin et y présente les peintres comme Othon Friesz, Charles Angrand, Jacques Bouyssou, etc.

2024 marque le centième anniversaire de la galerie Larock-Granoff, sans doute la plus ancienne galerie parisienne encore en activité, aujourd’hui représentée par la 4ᵉ génération de marchands.

Edouard, Marc et Gabrielle Larock
© Sophie Labruyère

Katia Granoff (1895-1989)

Katia Granoff naît le 16 juillet 1895 à Mykolaïv, en Ukraine. Elle vit avec ses parents et sa sœur Rose en Ukraine jusqu'à l'âge de 16 ans, lorsque ses parents décèdent et qu’elle part étudier en Suisse. Après avoir obtenu son diplôme de lettres et de sciences sociales, elle déménage à Berlin pour commencer à travailler, mais la guerre ayant détruit la ville, elle déménage à Paris pour rejoindre sa sœur récemment mariée. En 1924, Katia Granoff arrive à Paris, sans le sou. Une offre d'emploi attire cependant son attention : secrétaire au Salon des Tuileries.

Elle a 28 ans et découvre sa vocation. Paris étant devenu le centre international de la peinture, les artistes se ruent sur la capitale. Elle commence à acquérir quelques toiles, notamment de Marc Chagall, qu'elle a rencontré au Salon. En 1926, elle s'installe au 166 boulevard Haussmann. Rejoignant le monde du marché de l’art tardivement, elle n'a d'autre choix que de se tourner vers des peintres encore sans attaches. Elle présente l'œuvre de Marc Chagall, qu'elle a défendu après son expulsion du Salon des Tuileries. Après lui, viennent Pierre Laprade, George Bouche, Othon Friesz et bien d'autres.

Malgré son succès, elle perd trois fois sa galerie mais se relève poursuivant son rêve et celui des artistes en lesquels elle croyait. Elle finit par s’installer au 13 Quai de Conti.

En 1937, elle obtient la nationalité française. Avec la déclaration de guerre, Katia Granoff ferme sa galerie qui ne rouvrira qu’en 1944. Accompagnée de sa sœur Rose et de son neveu Pierre, ils partent se réfugier en zone libre, au château de La Voulte qu'elle a acquis. Le lieu est saisi pour héberger des réfugiés belges. Le 9 juin 1941, réquisition des gardes-voies et occupation effective le 12 juillet; l’occupation dure jusqu’en juillet 1942. Passionnée et déterminée, elle arrive, malgré la situation et les risques, à organiser une exposition Georges Kars à Lyon à la Galerie des Jacobins. En 1944, Katia Granoff quitte Lyon et abandonne le château de La Voulte, que l’armée allemande détruit. De retour à Paris, elle découvre sa galerie pillée mais décide de rouvrir le lieu en présentant les œuvres qu’elle avait réussi à conserver. Elle est la première à le faire. 

Katia Granoff travaille avec passion pour la reconnaissance des artistes. Suite à sa rencontre avec Michel Monet, fils de Claude Monet, elle acquiert tous les Nymphéas et les expose. À cette époque, aucun marchand d'art n'en voulait et aucun conservateur de musée français des années 50 ne s'y intéressait plus que cela. Pour ces derniers, les descendants de Monet devaient déjà s'estimer heureux et chanceux que l'Orangerie présente ces formats gigantesques qu'ils qualifiaient parfois même de "peinture d'aveugle". La décision de Katia Granoff rencontre un succès international. 

Également poète, reconnue pour les Amants maudits et Anthologie de la poésie russe, elle reçoit le prix George Dupau de l'Académie française. En 1979, elle reçoit l'Ordre national du mérite des mains de la ministre Simone Veil et du président du Sénat Alain Poher. Elle est également honorée de la Légion d'Honneur et de la Médaille nationale des Arts, Sciences et Lettres.

Elle décède en 1989 à l'âge de 93 ans.